Le voyage

Le Solsonès nous invite à découvrir une terre riche en célébrations qui se sont traduites ici par un caractère marqué. La société de Solsona entretient des relations personnelles et associatives avec un réseau qui résiste aux modes et à la mondialisation. Ici et là, les habitants du Solsonès nous font découvrir les recoins de chaque village et de chaque paroisse, accompagnés des chorales et des danses du bal plat, du bal du Rosaire ou des Cascavells. Autant de traditions qui  sont restées intactes au fil des années, comme un symbole de l’identité locale.

Le Carnaval de Solsona mérite une mention spéciale. Il nous plonge dans l’ironie de la ville de Solsona, dans ses vices et sa débauche effrénée pour vivre une fête qui ne s’arrête pas avant le mercredi des cendres. La nuit du samedi nous offre une expérience sans pareille, au milieu de la foule qui remplit les rues du vieux centre et qui regarde vers le ciel pour assister à la traditionnelle pendaison de l’âne. Les géants fous font régner la satire quelques jours, transformant cette ville d’habitude si solennelle et majestueuse en une bien différente.

Les habitants réinvestissent les rues à l’occasion du Corpus Christi (Fête-Dieu). Cette fois, en version sérieuse et distinguée, les géants, l’évêque et les ballets transforment tout le centre et la place principale en une scène pleine de fleurs, de musique et de joie. La Roue de feu de la nuit précédente, le défilé des trabucaires (tireurs de tromblon), la procession, le tapis de fleurs et la tronada (chapelet de pétards) nous transportent dans une Solsona médiévale qui se résiste à disparaître. Début septembre, pour Notre-Dame du Cloître, la ville redescend dans les rues lors de la Fête patronale. D’origine lointaine et structurée à partir de séquences rituelles basées sur des coutumes et des manifestations symboliques de type identitaire, cette célébration est désormais connue dans toute la Catalogne. Cette structure fait des actuels habitants de Solsona un reflet fidèle de leurs ancêtres. Dans les mêmes endroits qu’au XV^e siècle, les géants, les nains, les cavallets (figures imitant des petits chevaux), l’aigle et le dragon défilent dans les rues. Il s’agit d’une festivité dont le son va au-delà des partitions musicales pour remonter l’histoire du district. Les musiques des danses de géants de la Fête patronale et du Carnaval de Solsona sont à caractère populaire et certaines sont nées très probablement de façon analogue à la figure qui l’exécute. Joan Roure a repris une grande partie de ces morceaux pour leur conférer une plus grande sonorité et les transformer, en plein XXI^e siècle, en voyage musical à travers l’histoire locale. Solsona nous captive tout autant avec les petites festivités organisées par chaque quartier en l’honneur de son saint patron. Idéales pour tisser des liens entre voisins et rompre la routine, ces rencontres dotent  les rues de chapiteaux festifs. Ces fêtes renforcent la communauté. Profitons de ce voyage au cœur de Solsona avec les fêtes de la rue Sant Llorenç, de la place Sant Joan, de la rue et la place Sant Roc, de la rue Sant Miquel ou du quartier Sant Ramon. De la même manière qu’à Solsona, on découvre dans tout le district des fêtes et rassemblements qui font date dans le calendrier des habitants. On profite ici de la fête sous un angle social plus émotionnel, en famille et avec les amis qui donnent ensemble un sens à chaque sanctuaire, ville ou hameau. Hortoneda, Sant Just, Sant Ponç, la Coma i la Pedra, Guixers ou Lladurs... Un calendrier de retrouvailles qui remontent l’histoire et qui nous invitent à participer pour mieux les transmettre aux générations suivantes.

Les habitants de Solsona, ainsi que des petits villages et des fermes dispersées dans tout le Solsonès, nous révèlent que des générations entières de familles ont donné à cette terre une culture secrète faite de rituels et de croyances. Dans certaines paroisses, on découvre encore des bénédictions du pain et de la commune et la tradition du salpàs consistant à bénir les maisons aux Rameaux. On devine ainsi l’existence de toute une culture. Le Solsonès nous surprend à cet égard avec tout un éventail de dialectes et d’expressions orales. La carte linguistique ainsi établie va de la partie d’Odèn, où l’on parle comme à Oliana, à la Vallée de Lord où l’on parle comme dans le Berguedà, tandis que Solsona possède son propre dialecte et que dans la partie sud du district on parle comme dans le Bages ou l’Anoia. Le visiteur apprend ainsi à distinguer l’origine de chaque habitant du Solsonès tout en consignant dans son dictionnaire des mots locaux tels que trumfo, synonyme de « pomme de terre » ; trossar synonyme de « lacer » ; voliac de « chauve-souris » ; mata-ruc (tue-âne) pour Solsoní (habitant du Solsonès) ou Tate pour désigner les filles qui s’appellent Claustre. Des expressions très locales qui permettent aux habitants de défendre les couleurs du Solsonès.

Le district travaille toute l’année pour montrer les métiers traditionnels aux habitants et aux visiteurs. Les foires nous aident à mieux comprendre tout ce monde fascinant du Solsonès. On découvre ainsi les vanniers, geganters (porteurs de géants), trabucaires (tireurs de tromblon), couteliers, fabricants d’espadrilles et autres fromagers et charcutiers. La Foire de Saint-Isidore de Solsona est le grand rendez-vous du secteur agricole qui a soutenu les économies domestiques du district pendant des générations. Bétail, machines et outils agricoles, artisanat… une promenade au cœur d’un mode de vie qui nous semble encore bien vivant. Mais cela ne nous suffit pas, nous souhaitons sillonner le territoire. Le calendrier des foires et expositions du district regorge de rendez-vous qui nous font découvrir les meilleurs recoins du Solsonès en compagnie de ses éleveurs et paysans. La Foire d’Ous d’Euga (littéralement « œufs de jument »), c’est-à-dire la foire à la citrouille, de Sant Llorenç de Morunys s’inspire de la légende des « Trois sages prudents de Piteus » et nous régale avec son concours de citrouilles ; la Foire de la Sainte-Lucie de Navès, propose de nombreux produits agroalimentaires et artisanaux ; la Foire de l’Empelt de Llobera ou celle de Sant Ponç de Prades, viennent compléter le chapitre des foires avec un programme culturel parallèle qui réunit les deux branches du patrimoine immatériel. Au quotidien, les foires existent sous forme de Marchés hebdomadaires, qui, d’étal en étal, dévoilent le caractère le plus sincère des habitants du Solsonès. Ils se tiennent à Solsona le vendredi et à Sant Llorenç de Morunys le dimanche. Nous nous rendons ainsi compte qu’il ne s’agit pas seulement de remémorer le passé, mais aussi de découvrir des métiers encore bien vivants dans l’économie locale. Forts de ce que nous avons appris dans les foires, les fêtes et autres rassemblements, nous visualisons désormais pleinement le district : son passé, ses habitants et son économie liée au terroir. Le Solsonès nous a ainsi adoptés et est gravé dans nos mémoires.